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La Plume Rouge - Les Éditions du Net
Le Conquet, 1755 - Olivier Féas, jeune mousse qui ne peut plus embarquer, entre en apprentissage chez un maître chirurgien du Conquet. Dans cette petite garnison du bout du monde se multiplient ...

LA PLUME ROUGE vous propose :

JOURNAL DE VOYAGE DE SARTINE A BREST, 2 septembre 1775.
Extraits du Voyage dans les ports de Bretagne
ou Journal de M. de Sartine, ministre de la Marine à Brest
(samedi 24 août - 11 septembre 1775).
Samedi 2e septembre [1775, Brest]
« Je travaillai dans mon cabinet une partie de la matinée avec M. l’intendant, avec M. Daubenton* intendant de Rochefort qui était venu me joindre à Brest et M. de Lindu* ingénieur en chef des bâtiments civils.
Manufacture de toiles – « j’allai ensuite visiter la manufacture des toiles à voiles* qui est située hors de la ville du côté de Brest. Cette manufacture n’est pas n’est pas actuellement en activité. Le bâtiment a servi quelquefois à loger des troupes : il me parut avoir besoin de réparations.
Jardin de botanique – « Je passai de là au jardin de botanique* où l’on élève diverses plantes médicinales, et où les élèves des écoles de chirurgie de la marine viennent acquérir la connaissance de ces plantes.
Concours des chirurgiens – « Je me rendis ensuite à l’hôpital. J’y assistai au concours* des chirurgiens de la Marine qui se fit dans la salle de démonstration, et je distribuai les médailles d’or* à ceux qui obtinrent les prix. Cette école est parfaitement bien montée et l’instruction y est excellente. C’est là que se forment les chirurgiens destinés pour être embarqués sur les vaisseaux de Votre Majesté, et qui font le service des hôpitaux lorsqu’ils sont à terre. En les instruisant de toutes les parties de la chirurgie, on s’occupe également de leur donner toutes les connaissances des maladies et des remèdes qui constituent la science du médecin, connaissances non moins nécessaires à un chirurgien de marine que la chirurgie même puisqu’il est destiné à exercer sur les vaisseaux l’art de la médecine plus souvent encore que celui de la chirurgie. La nouvelle forme* de ces écoles qui les a rendues égales à celles qui sont le plus estimées dans le Royaume, est due au zèle et à l’activité du Sr Poissonier* inspecteur général de la Médecine des ports et des colonies.
« Je dinai chez M. l’intendant et l’après-midi je me rendis au parc d’artillerie pour y achever la visite des Magasins et particulièrement de la salle d’armes*. Le magasin d’en bas contient 10 mille fusils de calibre égal (Balle d’once) en bon état et prêts à être embarqués. La salle supérieure contient 6 mille fusils qui ont besoin de réparations. On y voit d’ailleurs un assortiment complet de toutes les autres armes dont on fait usage sur les vaisseaux, telles que pistolets, bayonnettes, haches d’armes, picques d’abordage, sabres, etc. On se plaint que les sabres sont d’une mauvaise qualité. Le bâtiment a besoin de grandes réparations.
Attelier des armuriers – « Je visitai ensuite l’attelier des armuriers. L’entretien de plus de 30 mille armes de différentes espèces occupe nécessairement un grand nombre d’ouvriers : Le voisinage de la mer, dont la salle d’armes est très voisine, exige qu’on soit sans cesse occupé à enlever la rouille qui s’attache aux armes, et qui les altéreraient en peu de temps si on l’y laissait séjourner. Pour diminuer la dépense de cet entretien, indépendamment des armuriers de profession, on emploie dans l’attelier vingt apprentifs canoniers qui viennent y travailler aux heures où leurs exercices et leur école ne les occupent pas ; et on leur donne une augmentation de paye de 18 deniers par jour.
Refuge Royal de Pontaniou – « Je traversai une partie de Recouvrance et je fus visiter le Refuge Royal* de Pontaniou où l’on met les filles et femmes des marins qui n’ont pas de quoi subsister et celles qui mènent une mauvaise vie : Elles y sont reçues sur un ordre de l’intendant et entretenues aux frais de Votre Majesté. On m’a proposé d’y établir une salle particulière où seront traitées les femmes et les filles attaquées de maladies vénériennes.
Couvent et terrasse des Capucins – « Je visitai ensuite le couvent des capucins*; de la terrasse de leur jardin on voit une grande partie du port à vol d’oiseau.
« Je redescendis aux formes de Pontaniou*, et je revins chez moi, où j’eus des conférences particulières jusques à l’heure du souper. »
A SUIVRE
Notes :
« Daubenton » – François Ambroise d’Aubenton (1721-1793), intendant de Rochefort (1771-1776) puis conseiller d’Etat.
« Lindu » - Choquet de Lindu, cf. notes du 26 août 1775.
« Manufacture des toiles à voiles » - cf. notes du 29 août 1775.
« Jardin botanique » - Rive gauche, sur la hauteur de Lannouron - Organisation d’un jardin aux simples (1694) entouré de murs, étagé sur trois terrasses, entre la cour de l’hôpital de la marine et la corderie neuve. Les terrasses s’éboulèrent en partie (1736) puis furent rétablies (1738). Suppression du jardin botanique sous le ministère de Berryer (1758-1761) qui céda le terrain aux frères de la Charité devenus entrepreneurs, lesquels en firent un potager. Rétablissement du jardin botanique sous Choiseul (1768) pour les besoins de l’instruction des élèves chirurgiens (1768) et médecins (1783) de la marine. Les terrains qui étaient loués (1768) furent achetés (1785) puis agrandis (1785, 1816). L’entretien du jardin botanique fut officiellement supprimé le 1er janvier 1903.
« Concours » - Un concours annuel et public mettait un terme – en mai - à l’année de formation des élèves de l’école de chirurgie de la marine de Brest (règlement de 1768). Le cycle de formation durait environ trois ans hors embarquements.
« Médailles d'or » - Au titre de 1775 les médailles d’or pour le concours de l’école de chirurgie de Brest furent attribuées aux élèves Jérôme Moisnard (ca. 1764-ca. 1784) récompensé à onze ans ! et à Etienne Billard (1763-1782), à douze ans !
« nouvelle forme de ces écoles » - L’Ecole de chirurgie de la Marine de Brest fut créée vers 1740. Elle faisait suite à celle de Rochefort. Cette école devenue léthargique sous le ministère de Berryer fut revivifiée sous Choiseul. Elle fonctionnait en 1775 suivant les prescriptions du nouveau règlement du 1er mars 1768 élaboré par le chirurgien François-Marie II Fouet-Dupré (1729-1808) et le médecin Etienne Chardon de Courcelles (1705-1775).
« Poissonier » - Pierre-Isaac Poissonnier (1720-1798), docteur en médecine, inspecteur et directeur général de la médecine dans les hôpitaux des ports et colonies (1763).
« Salle d'armes » - cf. notes du 1er septembre 1775.
« Refuge royal » - Rive droite, anse de Pontaniou - A l'origine (1667) était une fondation privée de quelques lits tenue par des religieuses "Feuillantines" pour loger des filles repenties ou abandonnées. Cette « œuvre » faisait probablement suite à l’incendie de l’hôpital de la ville, la même année, qui avait limité de fait l’accueil des pauvres femmes de Brest. En raison de l’agrandissement du port et de la multiplication des « femmes et filles de mauvaise vie », l’idée de maison refuge était reprise en 1684 par la Marine. Les deux entités furent confiées en 1692 aux Dames de Saint-Thomas-de-Villeneuve qui en firent, sous le nom de « refuge royal », tout à la fois une maison de correction, de retraite (pour veuves roturières désargentées dont les maris étaient attachés au service de la marine), une manufacture de toiles et un dispensaire. Le « refuge » reconstruit par les Dames de Saint-Thomas-de-Villeneuve (1733-1736) fut incendié et complètement détruit le 10 février 1782 (Levot).
« Couvent des capucins » - La première pierre du couvent des Capucins fut posée par Vauban (30 août 1695) et celle de la chapelle du lieu par Duguay-Trouin (21 février 1712) ; sa construction ne fut terminée qu’en 1744.
« Formes de Pontaniou » - cf. notes du 28 août 1775.