La Plume Rouge - Les Éditions du Net
Le Conquet, 1755 - Olivier Féas, jeune mousse qui ne peut plus embarquer, entre en apprentissage chez un maître chirurgien du Conquet. Dans cette petite garnison du bout du monde se multiplient ...
LA PLUME ROUGE vous propose :
En bord de Penfeld - Une rareté : un établissement industriel de la Marine toujours en activité en 2015…
Rive gauche de la Penfeld - L’anse Saupin en bord de Penfeld à fait l'objet, depuis le XIXe siècle, de comblements successifs ; elle est aujourd’hui bordée par un parking public (modifications, 2014) en bord de sentier piétonnier et par la rue de Normandie (inaugurée, 1968).
A l’origine le terroir appartenait à François Saupin (marié ca. 1696 avec Marie de Taschereau, décédé ca. 1733), ancien maître tonnelier de la Marine, devenu marchand, armateur, corsaire, négrier ; lequel, anobli en 1693, associé avec des parents de Nantes, faisait commerce des bois pour la Marine (1684, 1700). Le 17 avril 1693 il organisait une brasserie en bordure de Penfeld. Le 1er mars 1694, l'intendant de la Marine signalait au ministre la construction d'une de ses frégates dans son "atelier des bois dans la rivière de Penfeld" Le 30 décembre 1733 l’anse dorénavant dénommée « Saupin » et la métairie voisine de Kergoat étaient vendues à Pierre Verdier, banquier à Brest. Le 29 septembre 1755 l’anse et ses bâtiments furent loués à la Marine qui y établi un « nouvel atelier de mâture » (24 novembre 1755) et six nouveaux « fours » - probablement de biscuits de mer – Le 18 mai 1757 l’anse Saupin change de propriétaire : Pierre-Jacques Verdier (décédé le 7 mars 1781 à Versailles) mais continue d’être louée à la Marine et de poursuivre ses diverses activités.
Prise de possession par la Marine (1784) - Le 15 octobre 1784 la Marine achetait la bastide de l’anse Saupin pour 30 000 liv. avec l’intention d’en faire une salpêtrière. Ce qu’il advint ; en l’an II de la République l’on y signalait des « traces » de nitrières artificielles. Le périmètre « Marine » de l’anse Saupin s’enrichit au fil des années avec de nouvelles acquisitions : terrains Mazé (22 juin 1788), Malmanche (21 messidor an VII). A partir de 1797 l’anse Saupin fut attachée au service de blanchissage du port, en remplacement de la buanderie centrale de la Villeneuve (fermée dès 1784). Le transport du linge s’effectuait par la rivière (chalands halés à partir de 1810) jusqu’à l’anse où furent construits d’immenses bassins d’eau de mer pour le trempage et le blanchissage. La buanderie de la Marine fut une référence nationale en matière de blanchissage industriel et hygiénique (y compris hospitalier), employant tour à tour : bagnards, ouvriers et ouvrières de l’arsenal travaillant sous la direction de commis de la marine, de sœurs hospitalières et de contremaîtres-buandiers. A ce jour, la buanderie de la Marine est toujours en activité.
En parallèle de son activité industrielle, l’anse Saupin continuait d’être utilisée par des particuliers souhaitant accéder au lavoir et à la fontaine du lieu et par des industriels étrangers à la marine qui y possédaient leurs affaires. Ainsi une brasserie appartenant à un certain Laurent, négociant à Brest, fonctionnait en 1818. Toutes ces activités civiles multipliaient les contentieux et les litiges avec la Marine, au sujet des droits de passage des propriétaires riverains. Pour la Marine, l’usage du chemin de halage, construit pour le service de l’île factice lui était exclusivement réservé. Parfois elle accordait exceptionnellement le passage « à titre de tolérance et de bon voisinage » avec signature par les particuliers d’un document précisant par le détail cette tolérance, bien évidemment révocable par la Marine sans aucun préavis. Cependant la Marine, en définitive assez peu sûre de ses droits, préférait le principe de l'achat (1810 à 1833) des parcelles des récalcitrants avec à terme l’érection de murs et la fermeture des "ouvertures" permettant l'accès des propriétés privées à la Penfeld (Riou-Kerhalet, Nicol, Le Breton, Erhel, etc.). De manière pragmatique et dans cette perspective d'appropriation la Marine faisait exécuter gratuitement par les bagnards ces travaux de clôture - très onéreux pour des particuliers - en échange de la cession amiable de lais de terres bordières de la Penfeld (cession Le Breton, 1810).
Mise à jour : 10 novembre 2016